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Le Québec en politique et en humour. Par Emmanuel Bilodeau

juillet 23, 2011 4 commentaires

Toujours pensé que l’humour, quand il se pratique au 2e et 3e degrés., pouvait dire mieux que n’importe quel discours politique, sérieux et prétendument pédagogique. Merci à à M. Bilodeau. Voilà résumé l’ensemble des malaises du Québec actuel. Un Zapartiste !

Je n’ai pas du tout envie de quitter la Tunisie, mais cette vidéo me rend néanmoins heureuse du fait que lorsque je rentre chez moi, c’est au Québec que je reviens 🙂

Le NPD perdu au Québec

avril 28, 2011 2 commentaires

Le Canada est en élections. Au départ, je ne voulais pas en parler, parce que l’enjeu se résumait à redemander à un électeur, désabusé et frustré de voir 300 millions de dollars s’envoler en fumée démocratique, de retourner voter pour ou contre un gouvernement Harper qui peine à s’imposer à la majorité de ce vaste territoire canadien hétéroclite qu’on appelle un pays.

Au Québec, à la fin mars encore, il était clair que nous allions faire Bloc contre Har-peur. Ça me rendait bien fière d’être québécoise, même si je savais pertinemment que le gouvernement conservateur n’avait plus besoin de la Belle-Province pour représenter la majorité canadienne. Lui suffisait de conserver ses 10 députés de Quebec City.

Bref, en début de campagne, le suspense se résumait (encore ! ) à Har-peur majoritaire ou Harper minoritaire.

Puis est arrivé le Bon Jack avec sa belle moustache à TLMEP. Avec ses publicités cool de p’tits chiens et de hamsters. Avec son air sympathique et son humanisme crédible. Puis, presque par magie, le vent électoral a tourné. Le NPD a maintenant le vent dans les voiles dans la province et il est crédité de 37,4 % des intentions de vote contre 24,3 % pour le Bloc. Les Québécois semblent encore apporter au Canada un vent de changement. Quelle belle histoire !

STOP ! Quelque chose cloche dans cette histoire.

Le scénario n’est pas mal du tout. Les personnages principaux aussi, le momentum politique semblent bon, le metteur en scène aussi. Mais le lieu de l’action n’est pas du tout le bon. Et deux fois plutôt qu’une.

Primo, le NPD a fleuri, certes, mais au mauvais endroit. Plutôt que de percer, monter et gagner en Ontario, le voilà qui prend les devants au Québec. C’est bien beau tout ça, mais ça ne changera rien à l’histoire du Parti Conservateur qui connaît bien, lui, les lieux où concentrer ses actions. Harper n’a plus besoin du Québec pour parvenir à une majorité parlementaire. Que les Québécois votent Bloc ou NPD, ça change quoi pour lui ?

Il n’a qu’à conserver ses acquis près de Québec, à Roberval et Pontiac et le tour est joué.

Ce qui m’amène à mon secundo.

Non seulement le NPD s’est-ils trompé de province, mais en plus il ne séduit pas les bonnes circonscriptions : sur 11 députés conservateurs, le NPD n’en devance actuellement que trois.

Presque partout ailleurs, c’est au Bloc que le NPD soutire des intentions de vote.

Alors, chers Québécois, c’est bien beau de vouloir voter pour du Changement, mais ce n’est pas en votant « yes we canne » que vous y parviendrez nécessairement.

Mais tout dépend de ce qui vous motive. Si vous souhaitez voter stratégique contre les Conservateurs, seulement trois de leurs circonscriptions risquent actuellement d’être prises par le parti du bon Jack.

Alors, citoyens de Beauport-Limoilou, Charlesbourg-Haute-Saint-Charles et Pontiac, allez-y gaiement, voter orange, votre vote risque fort de faire une différence sur le nombre total de députés conservateurs à Ottawa le 3 mai. Citoyens de Lévis-Bellechasse et Lotbinière-Chute-de-la-Chaudière, vous n’êtes pas loin non plus.

Voir ici : projet démocratique.

Quant aux autres qui rêvent tout à coup de socialisme centralisateur des Prairies, demandez-vous si votre député et tous ses nouveaux collègues oranges sauront mieux servir vos intérêts et convictions au Parlement canadien qu’un député du Bloc. Pensez-y comme il faut, là.

Source

Je n’ai rien contre les idées de gauche du NPD. Comment être contre un programme aussi flou, de toute façon ? Si j’étais née à Régina, sûrement qu’il serait mon parti. Je me demande seulement pourquoi c’est encore au Québec, et non dans le ROC, que le vent électoral progressif tourne ? Peuvent pas se déniaiser un peu, en Ontario ?

J’oubliais. Si jamais le NDP infligeait une véritable raclée au Bloc, peut-être son chef et ses excellents députés pourraient penser à retourner à Québec pour les prochaines élections provinciales. Peut-être.

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Démocratie helvétique

décembre 10, 2010 3 commentaires

Alors que mon ami québécois B. de Liverpool me demandait récemment comment se portait la vie politique au Québec, voilà de son côté mon ami J.-P., aspirant maîtrisard en Suisse, qui me donne des nouvelles de celle qu’il découvre depuis quelques mois en Suisse :

« Tu le sais peut-être, en Suisse, ils ont un système de démocratie participative, ce qui veut dire que les citoyens sont appelés très régulièrement (environ une dizaine de fois par année, ce qui fait en sorte que les Suisses sont beaucoup plus impliqués dans la vie politique que chez nous par exemple …) à se prononcer sur des projets de loi initiés soit par le parlement, par un parti, ou encore par un citoyen qui a recueilli assez de signatures. L’interdiction de construire des minarets a d’ailleurs été votée de cette manière.

Le principal parti en Suisse est l’UDC, une formation politique très conservatrice à la fois sur les plans économique et moral. Ils sont très forts en campagne et dans les régions alémaniques. C’est d’ailleurs eux qui avaient proposé l’interdiction de construire des minarets en 2009. Et là ils viennent de remporter une nouvelle votation populaire sur le renvoi systématique de tous les étrangers qui commettent certains crimes comme les crimes sexuels graves, mais également l’abus de prestation sociale ou encore le vol par effraction.

Ça fait pas mal de vagues en ce moment entre autres parce que l’UDC a utilisé des affiches publicitaires sur les murs des villes très « limite », pratiquement racistes, qui jouent toujours sur la peur et la menace. Mais ça marche à mort. Je te donne un aperçu des images utilisées selon les votations. Parallèlement à ce projet, les Suisse devaient également se prononcer sur une initiative du parti socialiste consistant à augmenter les impôts des plus grandes fortunes, chose qui a massivement été rejetée…




Je me disais que ça pourrait peut-être t’intéresser, parce que j’ai l’impression que la droite politique au Canada n’arrive même pas à la cheville de celle en Europe…

Je me demande bien s’ils me payent mon billet d’avion si je commets un petit crime à la toute fin de mon séjour d’études …:P

P.S. Si ça t’intéresse, les résultats de la votation du 28 novembre.

Ciao!

Halloween !

octobre 31, 2010 Laisser un commentaire

Encore et toujours André-Philippe Côté, du Soleil.

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Falardeau, en toute liberté, merci à Radio-cadenas

août 23, 2010 2 commentaires

Entre deux Fêtes Nationales, tu pourrais faire qu’qu’chose

juillet 2, 2010 3 commentaires

En cette journée du déménagement… Euh, en cette journée de la Fête du Canada, permettez-moi de revenir, avec un peu de retard, avec un peu de recul, sur la fête de la Saint-Jean-Baptiste, notre pseudo Fête Nationale de province.

Je me fais souvent reprocher de faire un rapprochement entre la Saint-Jean et la politique. Paraît que cette fête n’a rien de politique, d’historique, de culturel. Paraît que c’est seulement une occasion fériée de faire le party. À ceux qui partage ce point de vue : je vous invite à ne pas perdre votre temps avec la poursuite de la lecture de ce modeste billet. Vous vous feriez plutôt chier.

L’an dernier, c’était la dernière fois que je fêtais la Saint-Jean sur les Plaines à Québec. C’était pourtant ma 14e Saint-Jean célébrée là depuis 16 ans.

Mes premières Saint-Jean Baptiste sur les Plaines coïncidaient avec le début de mes vacances d’été du secondaire. La Saint-Jean initiait en grandes pompes un été de naïves libertés, jamais contrecarrées par une maudite job.

Je ne voyais alors aucune portée politique à la fête : un peu de drogue, un peu plus d’alcool, beaucoup de monde.

Ce n’est que plus tard, quelque part au début de la vingtaine, que j’ai commencé à comprendre la portée, l’histoire et les aléas de cette fête catholique. À l’époque, je commençais à trouver que les hurluberlus des Plaines étaient certes sur le party, certes souls, certes « Bonne Saint-Jean, man ! », mais qu’ils n’étaient plus du tout là le lendemain.

À Québec (et ailleurs aussi), on n’est Québécois qu’un jour par année. Nous demander de l’être 365 jours par année serait exténuant, je suppose. À ce propos, il est bon de réécouter le monologue d’Yvon Deschamps de 1977, Fier d’être Québécois.

Enfin, je me souviens qu’à cette époque, j’ai continué d’aller célébrer sur les Plaines le 23 juin au soir. À un ami cynique qui m’avait fait remarquer le pathétique de la situation, j’avais répliqué que s’il n’y avait un soir par année où les gens de Québec était fiers d’être Québécois, autant en profiter, autant aller communier avec eux.

Bon, je ne saurais dire si c’est l’âge ou les circonstances, mais ce raisonnement a foutu le camp l’an passé, et à un moment précis, en plus.

J’étais sur les Plaines, dansant sur Libérez-nous des Libéraux. Avec combien …150 000, 200 000 de mes jeunes compatriotes ?

Il y a alors eu cette pensée qui m’a traversé l’esprit, pensée que j’aurais pu oublier, puisque j’étais moi aussi sur le solide party : Si tout les gens autour de moi avait exercé leur droit de vote, le gouvernement libéral de Charest n’aurait pas été majoritairement élu 6 mois plus tôt.

Je pensais que ça allait me passer, mais cette année, je n’avais aucune envie d’aller fêter la Saint-Jean à Québec.

Cette année, pour faire changement, j’ai plutôt opté pour des célébrations dans une ville où l’on est encore souverainiste, malgré tout : Montréal.

Comme je ne comprenais pas trop si la Saint-Jean se fêtait le 23 ou 24 juin dans la métropole, je l’ai fêtée pendant deux jours. Un soir dans un party dans un appart de Hochelaga, où l’on a chanté des tounes du Québec à la guitare, avec l’hôtesse qui criait à chaque fois que l’on osait chanter en anglais et avec des tits culs qui dansaient sur Charlebois.

L’autre soir, lors d’une fête de quartier à Ville-Émard, où l’on présentait un hommage aux Colos, où Les Oeuvriers, groupe folk urbain du coin, clôturait la soirée.

Un jeune groupe fort promoteur, Les Oeuvriers sont sur myspace, et en spectacle le 14 juillet prochain au Petit Campus.

Ma Saint-Jean, moi qui ne sait sortir le politique de la fête, ne ressemblait pas pentoute à celles des dernières années, mais elle m’est apparue plus sensée, moins truquée. Au moins, elle a été célébrée là où les gens votent encore pour la souveraineté des peuples, le nôtre inclus.

C’était plus facile à gérer, « au niveau des émotions » !

Jean Charest à la fromagerie

Je travaille dans une fromagerie plutôt branchée de Montréal. Chaque semaine apporte son lot de personnalités connues, en provenance de tous les milieux : artistique, journalistique, scientifique, sportif, télévisuel, politique. Bref, nous avons l’habitude à la fromagerie de servir des gens « connus ». Paraît que cela a toujours été ainsi.

Question politiciens, il y avait toutefois longtemps que nous n’avions pas vu notre Premier Ministre Jean Charest. Je me rappelle bien l’avoir vu demander du fromage au comptoir ces dernières années, mais jamais depuis la crise de la listériose de septembre 2008.

« Je voudrais une pâte ferme », que M. Charest m’a dit, tout juste après m’avoir adressé un bonjour plutôt froid.

« Une pâte ferme du Québec ? », lui ai-je demandé.

« Oui ».

Après m’avoir entendu décrire quelques fromages à pâte ferme du Québec, M. Charest a opté pour Alfred le Fermier, un fromage au lait cru bio des Cantons-de-l’Est.

Il m’a ensuite demandé un morceau de Kénogami.

Le Kégonami !

Il a du goût le Premier Ministre ! Mais sait-il, il devrait savoir, que le Kénogami n’est plus fabriqué avec du lait cru depuis la crise de la listériose de 2008 ?

Mais encore, sait-il que les producteurs du Kégogami, les Lehmann de Hébertville au Lac-Saint-Jean, ont arrêté la production de la meilleure pâte ferme que le Québec ait connue, le Valbert, à la suite de cette hystérique crise ? D’origine suisse, les Lehmann ont cessé de produire des fromages au lait cru depuis la crise. Selon eux, il ne saurait y avoir un Valbert de lait thermisé ou pasteurisé. Aux dernières nouvelles, ils ne reprendront pas la production du Valbert tant et aussi longtemps que les normes québécoises ne changeront pas.

Source Meules du feu Valbert

Mais non, je n’ai pas dit tout cela au Ministre Premier.

Primo, je me devais de respecter les règles de mon boulot : Jean Charest était là en tant que client et le client a toujours raison.

Deusio, malgré mon indignation sans relâche envers son gouvernement, je n’avais à ce moment là aucune envie de déverser mon fiel sur l’homme. J’étais même un peu intimidé. Tsé, le Premier Ministre. C’eût été trop facile que de lui lancer des reproches et des insultes qu’il a, de toute façon, maintes fois reçues.

D’autant plus qu’il n’avait guère bonne mine. Il manquait un peu de soleil, il avait le teint pâle. Comme dirait mon patron, il était pas « top shape ». Plutôt profil bas. En le servant de derrière mon comptoir, j’ai pensé à son père décédé il y a quelque temps. J’ai entraperçu l’homme derrière le personnage public, mais je ne suis pas parvenue à l’atteindre : je n’ai eu aucun sourire, aucune complicité. Froid et distant, qu’il m’a paru.

Mais bon, peut-être que mon non verbal ne s’y prêtait pas…

Enfin, avant de quitter le comptoir de fromage, M. Charest m’a demandé une suggestion pour un troisième fromage.

« Quelque chose de nouveau », qu’il m’a dit.

Je lui ai alors parlé de la tomme de brebis la Douce Folie, succulent fromage fabriqué depuis peu à la nouvelle fromagerie Il était une Bergère, à Saint-Cuthbert .

Le Premier Ministre m’a alors demandé si ce nouveau fromage était au lait cru (ce qu’il aime bien, selon ses précédentes visites).

C’était m’offrir sur un plateau d’argent l’occasion de lui répondre une savoureuse réponse pleine de sous-entendues pour toute personne qui suit l’évolution de la production de fromage au Québec depuis un an et demi (espérons qu’il a capté le message) :

« Non, Monsieur, le nouveau fromage est pasteurisé. Des fromages au lait cru, il n’en reste plus beaucoup au Québec. »

La bullshit des économistes

mars 3, 2010 7 commentaires

On l’oublie souvent, l’économie n’est pas une science pure, mais humaine. Une science humaine à classer avec la psychologie, l’histoire, la philosophie, l’anthropologie, la géographie, les sciences politiques, etc.

Avec les sciences humaines, ce n’est jamais aussi simple que 2+2=4.

Les économistes dans nos médias ont néanmoins la fâcheuse habitude de se comporter comme si leur science était exacte. L’économiste sur la place publique a toujours raison : il ne peut se tromper. Il jouit d’une crédibilité extrême. Plus que le politicien, le juge ou le médecin. On ne remet jamais en doute ses analyses. L’économiste est écouté avec peur, respect et culpabilité. Comme le prêtre jadis.

On l’écoute et on le croit religieusement, même si ses études ont été commandées et financées par un gouvernement à qui l’on réclame depuis des mois une enquête publique sur la présumée haute corruption qui s’est lentement mais sûrement installée dans ses propres bureaux.

On le croit toujours, même si c’est toujours le même qu’on entend.

Ne soyons pas dupes

Comme le dit si justement Josée Legaut, ne soyons pas dupes. Les économistes sous les feux de la rampe québécoise sont tous issus de la même pensée, la même idéologie : le néolibéralisme. Courant de pensée que l’on nomme effrontément ici depuis quelques années « la lucidité ».

Je ne dis pas ici les que lucides ont tort ou raison. Non, je tiens seulement à rappeler que les économistes ayant épousé les croyances néolibérales se fondent sur une science faillible, sociale, humaine. Qui plus est, une science qui joue avec des chiffres.

Prenons un exemple clair.

Dans La Presse de samedi, un article nous révélait que le Québec se classait au 5e rang des nations les plus endettées du MONDE.

Ça, ça fait peur.

Mais le fait que tout le monde dans la province gobe cette information sans même en douter une seconde, ça, ça fait terriblement peur.

Ce savant calcul provient des quatre « lucides » qui ont livré sur demande au gouvernement Charest trois rapports sur nos finances publiques.

Plusieurs économistes québécois tout aussi éminents affirment pourtant tout le contraire. Sur le site Économie autrement par exemple, on affirme ainsi que la dette du Québec serait bien au-dessous de la moyenne des pays qu’on nomme industrialisés :

Pour déterminer la dette du Québec :

« L’observation est souvent faite qu’il faudrait ajouter à la dette québécoise la quote-part de la dette fédérale, soit environ 100 milliards, ce qui situerait le Québec parmi les pays les plus endettés de l’OCDE. Ceux qui avancent ce point de vue ne prennent jamais en considération les actifs du gouvernement fédéral, dont le Québec devrait aussi recevoir sa quote-part. En tenant compte de cela et en effectuant les calculs sur la même base méthodologique que l’OCDE, le professeur Louis Gill a estimé que la dette nette des administrations publiques du Québec s’établit à 40 % du PIB en 2009, nettement sous la moyenne de l’OCDE qui est de 51 % en 2009 et qui doit atteindre 60 % en 2010. »

CQFD

Je ne suis pas économiste. Loin de là. Mais je me souviens tout de même des bases de mon cours d’économie de secondaire 5. Si j’avais présenté à mon prof un budget fictif omettant les actifs, je n’aurais pas obtenu la note de passage. De toute manière, mon prof ne m’aurait jamais demandé de comparer le budget d’une orange et d’une pomme; d’une province et d’un véritable état.

Économie autrement, blogue alimenté par des économistes du Québec, est né des suites de Pour une autre vision de l’économie, déclaration signée en 2008 par plus de 150 économistes du Québec.

Contrairement au Manifeste des Lucides qui vous chauffe les oreilles depuis des années, vous n’avez jamais entendu parler de cette déclaration.

Et il est là le cœur du problème.

Alors, de grâce, la prochaine fois que vous lisez, écoutez, regardez, un économiste, dites-vous seulement qu’il est peut-être au service d’une certaine idée. Comme celle de vous faire avaler qu’il n’existe aucune alternative aux coupures à venir dans le prochain budget, mettons…

P.S. : Alternatives intéressantes et réalistes, avec un peu d’audace et de culot : couragepolitique.org

P.P.S. : Un extrait du dernier livre d’un grand économiste québécois . Il y parle justement de l’exercice délicat d’établir le véritable budget du Québec, s’il était véritablement une nation.

« Je simplifie beaucoup en décrivant un exercice comptable qui est refait de temps à autre, à ma connaissance, depuis 1965. Si on arrive au résultat qu’Ottawa paye beaucoup plus à Québec que ce que Québec paye à Ottawa, les fédéralistes québécois crient victoire, comme au référendum de 1980, et sont suivis par les médias. Si c’est le contraire, ce sont les souverainistes qui crient victoire, mais comme ils n’ont guère de contrôle sur les médias, la victoire est moins bruyante… »

– Jacques Parizeau, La souveraineté du Québec. Hier, aujourd’hui et demain, p. 131

The Desire of Idendity

février 18, 2010 Laisser un commentaire

Après avoir publié ce texte en français il y a quelques jours, j’ai réalisé qu’il s’adressait en réalité et à prime à bord aux Canadiens anglais. Comme ils ne sont qu’environ 10 % à être bilingues au pays, il me semblait logique de leur offrir une traduction… Merci Julie la traductrice.

I found this video while surfing… on my blog !


I am not Canadian


I must have watched that video (from Toronto radio station Edge 102.1) a hundred times. I never get tired of it.

I lived in Calgary for over a year. I made friends there. Each and every one of these Canadian friends knew (because I am not one to be silent) that I was a separatist. Each and every one of them accepted it respectfully and refrained from talking about it at inappropriate times. They were real gentlemen, these Canadians.

However, when the timing was good, we discussed the Yvettes, the Night of the Long Knives, the absence of Québec in the Constitution since 1982, the Meech Lake Accord, and so on.

At first they were surprised. They never knew. Then they sympathized. But ultimately they didn’t understand. They perceived Québec’s desire to leave Canada as something of a personal affront: “Why? We like you!” they would say.

I could but understand them. A break up is never pleasant, be it of individual or collective nature. As much as I tried to explain it, using all sorts of political – economic – social –cultural – linguistic – historical arguments, there was nothing to be done: my Canadian friends could very well understand and even adhere to ambitions of independence for the Scots, the Tibetans, the Palestinians, and so on. But they could neither accept nor understand such a desire coming from the Québécois.

Yet there is nothing more legitimate than this desire. Desire isn’t bad or good in itself – it simply exists. That’s all. Desire is an impulse, an aspiration from mankind towards something. It might be more or less logical, as it is a question of feeling.

I’ve lived in Montréal for two years now. I’ve made anglophone friends here. Some of them are bilingual, others more or less so. Because I still can’t (and don’t want to!) shut up, the same debate over Canada’s two solitudes comes back again and again. And, tirelessly, it gives way to the same lack of resolution.

Nonetheless, I believe I’ve understood something recently.

Eureka!

While living in Alberta, I would frequently amuse myself by asking Canadians: “What is the difference between you and the Americans?”
People found it hard to answer clearly. They mentioned hockey, the percentage of alcohol in the beer, politeness, religion, and so on.

(Some among them would say: bilinguism. Then I would ask them to repeat that in French…)

In short, nobody could clearly tell me how Canadians and Americans differed from each other.

However, thanks to all these vox pop, and one thing leading to another, I managed to uncover what I think is the truth. If Canadians differentiate themselves so strongly from Americans, it’s because the last thing they want is to become Americans. They are proud to be Canadians, i.e. not Americans. Their identity, so it seems, is largely constructed upon one thing: “We are not Americans”. Not because they dislike, snub or hate them. No. Simply because they don’t feel American.

Don’t come looking for political – economic – social –cultural – linguistic – historical reasons here. No. Here, it is purely a matter of desire. Irrational.

(This sounds awfully familiar.)

I am not Canadian” parodies the stereotyped Québécois who doesn’t want to be seen as Canadian.

I am Canadian” (the video) parodies the stereotyped Canadian who doesn’t want to be seen as American.

I am Canadian

Each defines himself by the differences between himself and the “other”, the other being the majority.

To each his own desire, his own fear, his own drive. But in the end, we’re all in the same boat.

There is always another, bigger one trying to swallow us or to entail us in his trail. Nothing could be more natural than to resist.

Nature likes diversity.

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Le désir identitaire

février 10, 2010 Laisser un commentaire

Je suis tombée sur cette vidéo en surfant… sur mon blogue !

Cette vidéo de la radio torontoise Edge 102.1, j’ai dû l’écouter des centaines de fois. Je ne m’en lasserai jamais.

J’ai habité à Calgary pendant plus d’un an. Je me suis fait des amis là-bas. Tout un chacun de ces Canadians Friends savait (parce que j’ai bien du mal à me taire) que j’étais souverainiste. Généralement, tout un chacun l’acceptait avec respect et évitait d’en parler à un moment inopportun. C’est qu’ils sont Gentlemen, les Canadians.

Toutefois, lorsque survenait le « good timing », on parlait alors un peu des Yvettes, de la Nuit des Longs Couteaux, de la non présence du Québec dans la Constitution depuis 1982, du Lac Meech et alouette.

Ils étaient alors surpris ! Ils ne savaient pas. Puis, ils étaient ensuite compatissants. Mais, au bout du compte, ils ne comprenaient pas. Ils percevaient ce désir des Québécois de quitter le Canada comme un affront personnel : Why ? We like you ! qu’ils me répondaient.

Je ne pouvais alors que les comprendre. Une rupture, collective ou individuelle, n’est jamais agréable à vivre. J’avais beau leur expliquer, avec tous mes arguments politiques-économiques-sociaux-culturels-linguistiques-historiques, il n’avait rien à y faire : mes Canadians Friends pouvaient très bien comprendre, voire adhérer aux ambitions souveraines des Écossais, des Tibétains, des Palestiniens, alouette. Mais ils ne pouvaient accepter ni ressentir ce désir des Québécois.

Pourtant, ce désir est tout ce qu’il y a de plus légitime. Le désir n’est pas mal ou bon en soi, il est là, c’est tout. Le désir est une impulsion, une aspiration, plus ou moins logique, mais pleinement ressentie, des Hommes vers une chose.

Je vis à Montréal depuis maintenant plus de deux ans. Je me suis fait des amis anglos ici. Des Anglos bilingues, d’autres plus ou moins. Parce que je ne sais (et ne veux !) toujours pas me taire, cette même discussion sur les deux solitudes du Canada revient tout le temps, inlassablement. Les mêmes non conclusions reviennent à tous les coups, inlassablement.

Je pense néanmoins avoir compris quelque chose dernièrement.

Illumination

Quand j’habitais en Alberta, je m’amusais constamment à demander aux Canadians : quelle est la différence entre les Canadiens et les Américains ?

On avait alors toujours du mal à me répondre clairement : on me pointait le hockey, le taux d’alcool dans la bière, la politesse, la religion, alouette.

(Certains me répondaient aussi le bilinguisme : je leur demandais alors de me répéter cela en français…)

Bref, personne ne pouvait m’expliquer clairement ce que les Canadiens anglais avaient de si différent des Américains.

J’ai pourtant fini par le découvrir, de fil en anguille, à travers tous ces vox-pop : les Canadiens se différencient drastiquement des Américains parce qu’ils ne veulent surtout pas devenir des Américains. Ils sont fiers d’être Canadiens, c’est-à-dire ne pas être Américains. Leur identité semble largement s’articuler autour d’une chose : nous ne sommes pas Américains. Pas parce qu’ils les détestent, les snobent ou les haïssent. Non. Mais parce qu’ils ne se sentent tout simplement pas Américains.

Ne cherchez pas là des raisons politiques-économiques-sociales-culturelles-linguistiques-historiques. Non. Nous sommes ici au cœur d’une affaire de désir. Non rationnel.

(Me semble que j’ai déjà lu cette histoire-là quelque part)

I am not Canadian parodie le Québécois stéréotypé qui ne veut pas être Canadian.

I am Canadian parodie le Canadian stéréotypé qui ne veut pas être Américain.

Chacun se définit en soulignant ce qui le différencie de l’autre, en l’occurence majoritaire.

À chacun son désir, sa peur, son moteur. Mais au bout du compte, on semble tous dans la même galère.

Y’a toujours un plus gros qui tente de nous entraîner dans son sillage et rien n’est plus sain et légitime que d’y résister.

La nature aime la diversité.