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Ni Allah, Ni Maître: le grand brouillard tunisien.

juin 29, 2011 3 commentaires

C’est tout à faire par hasard que j’ai assisté dimanche à ma première manifestation post révolutionnaire à Tunis. Une manifestation d’extrémistes religieux, dixit les médias locaux.

J’étais tranquillement installée chez des amies à écouter un film fleur bleu égyptien douteux et en arabe. Nous avons alors entendu des cris venant de la rue.

« Ce sont les islamistes », que m’ont dit mes hôtesses.Tant pis pour la fin du film, nous sommes tout de suite sorties.

Devant le cinéma Africart étaient rassemblés plus ou moins 30 jeunes, islamistes,reconnaissables à leur barbe et à leurs slogans qui disaient à peu près « Allah est le seul dieu et Mohamet est son prophète », « Le peuple est musulman et le restera ».

Ils s’étaient déplacés afin de tenter d’empêcher la projection d’un film prévu ce jour-là : « Ni Allah ni Maître », de la réalisatrice franco-tunisienne Nadia El Fani. J’avais déjà entendu parler de cette femme, qui a récemment provoqué un scandale à la télé tunisienne en affirmant haut et fort son athéisme.

Bref, avec les minutes qui passaient, l’attroupement grossissait et les slogans étaient toujours plus forts scandés. Les flics, qui étaient partout présents autour (ce cinéma est situé à côté d’un poste de police et à quelques mètres de l’avenue Habib Bourguiba, où sont postés en permanence des dizaines de policiers. Et le ministère de l’Intérieur est à peine à deux minutes de marche!) ne faisaient absolument rien. Je me suis alors déplacée vers l’avenue Habib Bourguiba, afin de voir si les flics s’apprêtaient à bouger. (Afin aussi de rester prudente, comme je vous l’ai promis).

Pendant une bonne demi-heure, les forces de l’ordre n’ont rien fait. Pourtant, ces gens n’avaient pas reçu l’autorisation de manifester. Bref, disons seulement que l’on a vu d’autres manifs et/ou sit-in à Tunis être plus rapidement cassés depuis janvier.

J’ai parlé à des gens sur l’avenue qui m’ont savamment expliqué que les policiers ne pouvaient rien faire : maintenant que la Tunisie a retrouvé sa liberté d’expression, on doit laisser ces manifs se dérouler.

Ensuite, alors que la foule, composée soit de curieux, soit de barbus, grossissait toujours, quelques individus, sortis de nulle part avec un drapeau noir sur lequel était imprimé en blanc des slogans islamistes, ont courus vers le cinéma, y ont fracassé la porte et les fenêtres vitrées. Certains sont entrés à l’intérieur. Et, selon les articles ici et sur Internet, ils ont agressé certaines personnes, dont le directeur du cinéma.

Seulement alors, les forces de l’ordre sont intervenues. À ce moment-là, ces « islamistes » ne devaient pas être plus que 50. J’ai vu au moins trois hommes amenés par un policier… cagoulé. J’ai demandé autour de moi : « Pourquoi le policier qui arrête les gens est cagoulé et pas les autres ? « Pour qu’il ne soit pas reconnu », que l’on m’a répondu. « Sinon, il pourrait avoir des problèmes, être agressé dans son quartier.»

Les choses se sont ensuite un peu calmées. Tant à qu’à être là, j’en ai donc profité pour aller le voir, ce film…

Je tiens à souligner que les gens présents pour la projection du film étaient au moins quatre fois plus nombreux que les gens dehors pour l’empêcher.

J’écris pour l’empêcher, et je pèse bien mes mots : le problème n’est pas tant que des gens aient manifesté contre le film. Manifester contre un film, ça peut très bien être un droit démocratique. Le problème est que les gens présents dehors cherchaient à annuler carrément la projection du film. Nuance. Nuance très importante que les forces de l’ordre n’ont pas su capter ce jour-là.

Les islamistes veulent manifester, très bien. Normalement, ils doivent demander l’autorisation. S’ils l’obtiennent, les forces de l’ordre les laisse manifester, mais s’assurent que les clients du cinéma peuvent accéder librement à la projection. Même si le sujet du film est provocateur et/ou tabou.

Car le problème avec ce film est bien là : il aborde deux sujets, liés et hautement tabous en Tunisie : la laïcité et l’athéisme. Des sujets qui soulèvent les passions et qui valent à celui qui les aborde de front d’être traité de mécréant, voire de traitre au pays.

Pour moi, ce film s’est avéré intéressant, très instructif, mais surtout, surtout, absolument inoffensif envers la religion. Ce film ne s’attaque pas de front aux religieux, dans mon esprit du moins. Tourné en partie avant et en partie après la révolution, le documentaire de El Fani est essentiellement un plaidoyer pour que les Tunisiens laïcs ou non pratiquant puissent vivre leur vie librement, sans se cacher, sans avoir par exemple à jouer le jeu hypocrite de faire semblant de jeûner pendant le Ramadan. Elle prône ainsi la laïcité afin que tous les Tunisiens – musulmans, juifs, chrétiens ET athés – soient intégrés et respectés dans le pays.

Bref, pour moi, ce film n’a rien de scandaleux. Mais je suis ici l’étrangère. La laïcité, même au Québec, où la religion ne joue plus qu’un rôle mineur, demeure un sujet sensible. Rappelez-vous la saga des cours d’éthique et de culture religieuse. Et la croix toujours accrochée à l’Assemblée nationale. Et les accommodements raisonnables. Alors, imaginez-vous dans un pays où la majorité est profondément croyante.

Le sujet est ici sensible, mais différemment. Pour une majorité de gens, le terme de laïcité est tout d’abord perçu comme un concept étranger, occidental. Pas que les Tunisiens soient opposés à l’étranger, mais ils tiennent à conserver une identité qui depuis une dizaine d’années, comme dans tout le monde arabe, est fragilisée. Rien de plus légitime.

Surtout, pour plusieurs, le terme de laïcité n’est pas perçu simplement comme la séparation de l’État et de la religion, mais il est plutôt confondu avec l’athéisme. Et l’athéisme est ensuite compris comme un rejet de la religion, de l’islam, de la culture musulmane dans son ensemble. Ainsi, si j’ai bien compris (c’est pas simple !), invoquer la laïcité, c’est brandir le spectre de la perte, ou de la fragilisation d’une culture, d’une identité, musulmane et arabe, commune à l’écrasante majorité de ce pays, majorité qui est fière de cette culture, et qui y tient, particulièrement en ces temps de transition plus que nébuleux où plus rien n’est sûr. Sans oublier que cette culture fait normalement consensus.

C’est ainsi que plusieurs personnes rencontrées à Tunis, des jeunes, des progressistes, des politiciens, souvent athés ou non pratiquants, désapprouvent non pas le sujet de Nadia El Fani, mais la manière dont elle s’y prend.

Parce que selon eux, cette manière, provocatrice, ne fait qu’attiser les tensions à un moment où le peuple a besoin de cohésion. Deuxièmement et surtout, parce que ces faux débats (ce sont leur terme) que sont la laïcité, le droit des femmes, la montée de l’islamisme, la normalisation des relations avec Israël, ne font que détourner l’attention du peuple des véritables problèmes que vit actuellement le pays dans sa transition démocratique : le réel démantèlement du régime de Ben Ali. Le grand ménage politique qui n’a pas été fait. Les points d’interrogation sur les crimes contre l’humanité commis avant et pendant la révolution.

Selon eux, le gouvernement de transition, tant dans ses hautes sphères que dans ses instances régionales, est toujours dirigé, sous influence, sous le pouvoir, de l’ancien parti de Ben Ali, le RCD, même si ce dernier a été dissous en mars.

Cette croyance n’est pas partagée par une minorité de personnes, mais par une majorité étonnante. Les phrases que j’entends le plus fréquemment, au sujet de l’État : « Rien n’a changé. » « Le ménage n’a pas été fait, les mêmes personnes tirent toujours les ficelles. » « Trop de grands criminels de la famille Ben-Ali-Trabelsi sont toujours en liberté » « Certains ont été volontairement épargné par le gouvernement de transition. »

Je ne cite ici aucun nom, non pas parce que ces personnes ne souhaitent être nommées, mais parce que tout le monde ici me dit à peu près la même chose, mas sans jamais me donner de preuves. Personne n’est en mesure de prouver leurs dires. Mais tout le monde sait que la contre révolution est à l’œuvre.

Un soir, j’ai rêvé que Radio-Canada me téléphonait pour me demander de résumer en onde et en une minute 20 secondes le progrès de la démocratie en Tunisie.

Par chance, ce n’était qu’un rêve. Qu’aurais-je pu leur répondre ? Pas un Tunisien ne sait comment se déroule exactement la transition démocratique de son pays. La Tunisie est aujourd’hui plongée dans un brouillard politique opaque.

Déjà en 2005, tout le monde se méfiait de tout le monde, parce que tout monde était en puissance un indicateur de la terrible police. Aujourd’hui, tout le monde est possiblement un ex rcdésite ou un agent de la contre révolution. Le Tunisien n’a aucunement confiance au gouvernement de transition, pas plus qu’il n’a confiance à la police, à l’armée ou à la justice. Pire, il commence à douter de la capacité de son peuple de mener à terme cette révolution.

Comme la communication entre le gouvernement de transition et le peuple tunisien est nulle, comme le gouvernement manque terriblement de transparence (personne ne sait trop ce qu’il fait exactement), la machine à rumeurs, à complots se met en branle. Difficile ensuite de dire qui dit vrai, si seulement quelqu’un dit vrai.

La manif de dimanche en est un autre bon exemple. Personne ne savait exactement qui étaient ces jeunes hommes (et ces deux ou trois femmes) venus manifester devant le cinéma Africart. Le principal parti islamiste, Ennadha, a dénoncé la manif. Aucune organisation n’en a réclamé l’organisation.

Alors, bien sûr, sur l’avenue Habib Bourguiba, les hypothèses abondaient : d’abord, on était sûr que ces gens étaient manipulés : par le pouvoir, par la police politique, par les ex rcédistes, par les Talibans, par Al-Qaida ! On m’a assuré que ces 50 jeunes n’étaient pas de vrais islamistes, mais des gens payés 10 ou 20 dinars par la police politique !

Tout le monde avait sa propre idée, mais aucune instance, en l’occurrence l’État (qui d’autre ?), n’est venue donner de réponse. Je vous laisser imaginer comment la machine à rumeurs s’est enflammée ensuite sur les réseaux sociaux…

Des jardins et des villes

paru le mardi 23 juin 2009 dans Alternatives
par Amélie TENDLAND

Le toit d’un pavillon de l’UQAM, un site bétonné de l’est de
Montréal, un programme en réintégration sociale, une distribution de produits frais aux banques alimentaires ; l’agriculture urbaine au Québec se décline désormais en une foule de projets écologiques et solidaires.

Cette année, une soixantaine de jardins collectifs sont cultivés un peu partout au Québec. Contrairement aux jardins communautaires, ces potagers sont entretenus collectivement, plutôt qu’en lots individuels. Majoritairement implantés à Montréal (40), les jardins collectifs sont gérés par des groupes communautaires, sur des terrains urbains prêtés par diverses institutions publiques ou privées.

La Croisée de Longueuil Jardin collectif La croisée de Longueuil. RJCQ

« L’idée est qu’une communauté s’approprie un endroit qui ne lui appartient pas, qu’elle y fasse du jardinage et y développe de nouveaux espaces verts », explique Ismaël Hautecoeur, président du Regroupement des jardins collectifs du Québec (RJCQ) et responsable de l’agriculture urbaine chez Alternatives. Crée en 2007, le RJCQ s’est donné pour mission de soutenir et aider les initiatives de jardinage collectif dans la province.

Jardins solidaires

Apparus au Québec il y a plus de 10 ans, ces jardins solidaires, comme on les appelle en France, ont pour première vocation l’apprentissage des rudiments du jardinage, à l’aide d’un horticulteur animateur qui assure aussi la cohérence et la constance du potager. « On cherche à développer l’autonomie des gens, à lutter contre l’exclusion sociale, à favoriser la mixité sociale, à assurer leur sécurité alimentaire », précise M. Hautecoeur. Le tout avec une agriculture biologique pratiquée dans une optique écologique.

La mission de ces potagers collectifs ne s’arrête toutefois pas là. De nombreux jardins, souvent nés des tables de concertation en sécurité alimentaire, offrent des programmes adaptés aux besoins de la communauté dans laquelle ils sont implantés. La maison de quartier Villeray à Montréal gère par exemple des jardins collectifs entretenus par des élèves du primaire et du secondaire, ainsi que le jardin du HLM Pontbriand, destiné aux personnes âgées et à mobilité réduite. Au jardin collectif de Saint-Jérôme, on pratique la phytothérapie avec des personnes ayant des problèmes de santé mentale.

Certains potagers solidaires offrent également des programmes de réinsertion sociale. L’organisme La croisée de Longueuil offre depuis maintenant neuf ans une formation en horticulture. Peter Vorias, l’animateur horticulteur, explique que le cours « Horticulture maraîchère et ornementale écologique  » est ouvert à toute personne âgée de 18 à 65 ans. La formation de 300 heures est reconnue par la commission scolaire et financée par Emploi-Québec. «  C’est un très bon programme de réinsertion au travail. Cette année, nous sommes une quarantaine de personnes, bénévoles et étudiants, à cultiver le jardin de quatre hectares », précise M. Vorias.

La récolte des jardins collectifs est remise aux bénévoles qui y travaillent. Les surplus sont généralement refilés aux banques alimentaires du quartier. Certaines banques alimentaires possèdent par ailleurs leurs propres jardins collectifs. Par exemple, Moisson Québec en gère quatre, permettant ainsi aux plus démunis de la capitale d’avoir accès à des produits frais et locaux.

Sur les toits, sur les balcons

Depuis quelques années, l’agriculture urbaine au Québec ne se limite plus aux terrains, mais se pratique désormais, et de plus en plus, hors sol. Né en 2003, le projet Des Jardins sur les toits d’Alternatives offre la possibilité de pratiquer le jardinage dans des bacs à réserve d’eau sur les balcons, les toits et les sols contaminés. Responsable du projet chez Alternatives, Ismaël Hautecoeur indique que plus de 500 bacs ont été vendus ce printemps. Capteurs d’eau de pluie, ces bacs recyclés permettent de 3 à 5 jours d’autonomie en eau.

Dans le même esprit que les jardins collectifs, l’organisme s’occupe de plusieurs projets à Montréal et à l’étranger. Dans la métropole, le principal jardin de démonstration du groupe se trouve en plein cœur du campus McGill. Bénévoles et jardiniers y cultivent des légumes pour le service alimentaire de la popote du Santropol roulant. Alternatives a lancé également un potager sur le toit du pavillon de Design de l’UQAM, sur le toit du Patro le Prévost, un autre sur le toit d’un HLM à Outremont.

jardin UQAMUQAM

M. Hautecoeur précise que ces jardins de démonstration et d’expérimentation permettent d’offrir à la communauté (étudiants en aménagement urbain, membres d’une coopérative d’habitation ou simples citoyens) des modèles et une expertise pour cette agriculture novatrice.

Le choix de l’emplacement de certains jardins n’est d’ailleurs pas le fruit d’un hasard. « Avec McGill, nous avons ciblé un site prestigieux afin de changer la perception qu’ont les gens de l’agriculture, qui est trop souvent vue en ville comme une chose réservée aux pauvres. En mettant en valeur certains sites, nous voulions montrer l’esthétique des jardins urbains et casser les perceptions et les habitudes des gens  », explique M. Hautecoeur.

Selon l’architecte paysagiste, les choses vont bon train aujourd’hui pour l’agriculture urbaine dont le mouvement de base en né il y a maintenant 10 ans au Québec. « Il y a encore 5 ans, le projet Des jardins sur les toits apparaissait comme une aberration, maintenant, ces jardins poussent partout », conclut-il.

Pour en savoir plus: le regroupement des jardins collectifs du Québec.

Hochelaga revisité

Montréal: terre amérindienne
Paru dans Alternatives
Le jeudi 26 mars 2009

Par Amélie Tendland

Hochelaga. Peu d’entre nous s’en souviennent, mais c’est le nom qu’a porté l’île de Montréal pendant des siècles. Réunies jusqu’à la fin avril au MAI, les œuvres de six artistes autochtones canadiens tentent de faire le pont entre l’histoire occultée d’Hochelaga, terre des Iroquois du Saint-Laurent, et le Montréal contemporain.

Des premiers voyages de Cartier il y a près de 500 ans à aujourd’hui, que reste-t-il de la présence autochtone à Montréal ?

Avec Hochelaga revisité, textes, tableaux, vidéos et photographies se penchent sur la marginalisation et le manque de reconnaissance que subit la communauté autochtone dans la métropole québécoise. L’idée de cette exposition, où l’île de Montréal est abordée comme une terre conquise par les Européens aux dépens des Premières nations, a germé dans la tête du commissaire de l’exposition, Ryan Rice, pendant quelques années. Mohawk de Kahnawake, l’artiste explique que l’idée lui est d’abord venue à la suite des nombreux événements artistiques autochtones ou métis auxquels il a participé avec succès ailleurs au pays.

Montréal en retard

photo de martin Loft

photo de martin Loft

« Si vous portez attention à ce qui se fait dans les musées et les galeries d’art dans le reste du Canada, vous vous apercevez que Montréal et le Québec connaissent un important retard. Avec cette exposition, j’ai voulu redresser la situation. »

L’artiste mohawk cite en exemple le cas d’une récente exposition du Musée d’art contemporain de Montréal consacrée aux jeunes artistes émergents : aucune œuvre d’artistes autochtones n’y était présentée. M. Rice déplore que le Musée n’ait jamais acquis d’œuvre d’art amérindien : « Pourtant, 13 Premières nations sont présentes au Québec et plus de 65 000 autochtones vivent à Montréal. »

À partir de ce constat, Rice a eu l’idée de présenter l’île comme un espace occupé, où la présence ancestrale des Iroquois aurait soudainement disparu après le passage de Cartier à la fin du 16e siècle. Selon l’artiste, les échanges entre Européens et Amérindiens qui ont perduré pendant des siècles, le commerce de fourrures ou la Grande Paix de 1701, ont été complètement évacués de la mémoire de l’île. L’histoire montréalaise est à son avis amnésique.

« Avec cette exposition, je veux faire prendre conscience aux gens de la présence des autochtones, de leur histoire et de leur art contemporain. S’ils ont été complètement occultés des livres d’histoire et de la mémoire actuelle des habitants de l’île, ils n’en sont pas moins vivants et constants depuis l’arrivée de Cartier. »

Séjour d’artistes à Montréal

Pour réaliser ce projet, M. Rice a réuni six artistes autochtones renommés qui possèdent tous un point en commun : ils ont tous, au cours de leur parcours, résidé un certain temps dans la métropole. Les œuvres présentées reflètent leur expérience montréalaise à la fois en tant qu’artiste et en tant qu’autochtone. Leur histoire personnelle s’inscrit ici dans la grande histoire amérindienne. « Je voulais connaître quelle place a joué Montréal dans leur vie, dans leur carrière. Je voulais savoir pourquoi ils n’y sont pas restés », explique l’organisateur de l’exposition.

Nadia Myre

Nadia Myre

Lori Blondeau est une artiste de performance crie de Saskatoon, internationalement reconnue. Jason Baerg, artiste d’arts visuels métis, a pour sa part récemment gagné le prix de l’artiste émergent de l’année en Ontario. Cathy Mattes est écrivaine métisse et commissaire indépendante à Winnipeg, alors qu’Ariel Lightningchild Smith a vu ses vidéos récompensées par de nombreux prix dans plusieurs festivals. Martin Loft est un photographe mohawk, qui fut actif au début des années 1980 avec la National Native Photographers Association. Enfin, Nadia Myre, artiste multidisciplinaire algonquine, expose ses œuvres à travers toute l’Amérique du Nord.

Les visiteurs découvriront notamment une vidéo expérimentale de Lightningchild Smith sur les diverses formes de conquête, une œuvre abstraite de grand format de Baerg représentant une carte de Montréal, ainsi que des portraits d’Amérindiens montréalais réalisés par Martin Loft.

Table ronde et séance vidéo

À noter que le documentaire en anglais Qallunajatut (Urban Inuk), réalisé en 2005 par Jobie Weetaluktuk, sera présenté le 25 mars à 18 heures. La projection du documentaire relatant le périple estival de trois Inuits dans la jungle montréalaise sera suivie d’une conversation bilingue avec le réalisateur.

Une table ronde en anglais est également prévue le 2 avril. Animée par le commissaire Ryan Rice, on y abordera la représentation autochtone à Montréal. Des intervenants des milieux artistique et communautaire seront sur place.


Hochelaga revisitée se déroule jusqu’au 25 avril au MAI, 3680, rue Jeanne-Mance à Montréal.

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Hier encore …

juillet 24, 2008 Laisser un commentaire

Nostalgie, nostalgie,

Nostalgie…

la-nostalgie.jpg

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Pendant ce temps, au nord de l'Ouganda

février 4, 2008 1 commentaire

Loin de moi l’idée de vouloir minimiser les morts, blessée et déportés qui font actuellement les manchettes au Kenya. Pas plus que le coup d’État que vit ces jours-ci le Tchad.

Seulement rappeler que sur certains conflits, que sur certaines guerres, les caméras ne se posent jamais. Ou trop rarement. Ou bien maladroitement.

Voici donc une rencontre avec Catherine Hébert, qui a elle posé sa caméra de l’autre côté de la frontière kényenne, en Ouganda.

Le nord de l’Ouganda abandonné

afficheff.jpg Photo: Mango Films

Rencontre avec Catherine Hébert

Amélie TENDLAND – 31 janvier 2008

Paru dans Alternatives


Avec De l’autre côté du pays, la cinéaste Catherine Hébert a braqué sa caméra sur l’un des conflits les plus sous-médiatisés du continent africain : la guerre au nord de l’Ouganda, qui perdure maintenant depuis plus de 20 ans. Elle en est revenue avec un film dont la sobre beauté frappe tout autant que son tragique propos politique.

Jusqu’ici, cette guerre aura vu mourir plus de 100 000 personnes et naître environ 60 000 enfants soldats.
angioletta.jpg Photo: Catherine Hébert

Loin des feux de la rampe, les Ougandais du Nord sont victimes depuis 1986 d’un conflit opposant l’armée du pays aux rebelles de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA). Composé majoritairement d’enfants enlevés de force et contraints à se battre, ce mouvement persiste, à coup de pillages, d’incendies et de viols, à terroriser les habitants de la région. Et tout porte à croire que le gouvernement ougandais n’a aucune réelle volonté d’y mettre un terme.

De l’autre côté du pays, qui a remporté en novembre le prix du public aux dernières Rencontres internationales du documentaire de Montréal, présente le conflit dans toute sa complexité, en suivant cinq Ougandais du Nord dans leur vie quotidienne. La moitié du pays est littéralement laissée à l’abandon par le gouvernement du président Yoweri Museveni qui, malgré son impressionnante armée, prétend ne pas être en mesure de régler le conflit. Pire, il en nie l’existence même.

Pendant ce temps, les routes du nord du pays sont devenues difficilement carrossables, 90 % des écoles publiques sont fermées, les villages sont abandonnés et plus de 80 % des habitants de ce qu’on appelait le grenier de l’Ouganda vivent désormais dans des camps et dépendent du Programme alimentaire mondial de l’ONU. Environ 1000 personnes y perdraient la vie chaque semaine.

Genèse du film

Catherine Hébert s’est une première fois rendue au nord de l’Ouganda en 2004. Elle y avait à l’époque réalisé un court documentaire, Des mangues pour Charlotte. « Ce premier voyage dans le nord de l’Ouganda m’a profondément choquée et bouleversée. Dès mon retour, je voulais absolument y retourner pour faire un film plus long, plus en profondeur. Ça devenait une obsession », se souvient la documentariste. Insistant sur le peu de médiatisation de cette guerre, la jeune femme raconte y être retournée sans sa caméra en 2006. « Il était très important pour moi de faire les choses ainsi, afin d’établir un lien de confiance. » C’est à cette époque que la réalisatrice a déniché les cinq personnes présentées dans le film. On y découvre notamment une fille qui marche 10 km chaque jour afin de trouver un endroit sûr pour dormir, un enfant orphelin de 7 ou 8 ans tentant de survivre en ville et une mère dont la fille a été enlevée par les rebelles.

« Les gens étaient très ouverts avec nous. Ils étaient surtout étonnés de voir que quelqu’un s’intéresse à leur sort », se souvient Catherine Hébert. Exception faite de certaines ONG, rares sont en effet les étrangers à s’y aventurer, explique-t-elle. Pendant longtemps, le gouvernement ougandais invitait fortement tout étranger à ne pas se rendre au nord du pays, arguant que la situation était trop dangereuse. En 2007, Catherine Hébert et son équipe ont dû s’y rendre clandestinement, équipement caché, munis de visas de touriste.

Un conflit dont tire profit le président

Pour plusieurs, il ne fait aucun doute que le gouvernement ougandais tire profit du conflit. À la suite du coup d’État de 1986, le président Museveni a reçu beaucoup d’argent de bailleurs de fonds occidentaux. Aujourd’hui, 50 % du budget de l’Ouganda provient toujours de l’Occident. « À l’époque, le gouvernement Museveni a entrepris des réformes économiques qui ont eu un succès relatif, notamment dans le domaine de l’éducation et de la lutte au sida, explique Catherine Hébert. Il est en quelque sorte devenu le bon élève américain. Succès relatif seulement, car seul le sud du pays a pu profiter de ces réformes. »

Or, la menace de voir un jour cette guerre s’étendre au Sud sert aujourd’hui d’alibi politique au président Museveni, selon la réalisatrice. « Non seulement il laisse croire à ses électeurs du Sud que la situation ne peut être contrée que par son gouvernement, mais de plus il se sert de cette menace pour justifier ses dépenses militaires. » Environ 50 % du budget national serait consacré à l’armée.

Deux générations sacrifiées

Le film De l’autre côté du pays montre clairement l’urgence de mettre fin à ce conflit dont les ravages ont déjà provoqué de profonds stigmates au sein de la population. Plus de 80 %, des rebelles sont des enfants qui ont été enlevés. «  Ce sont deux générations qui ont carrément été sacrifiées », dénonce la documentariste. Les gens n’appuient pas les rebelles, mais souvent ils cherchent à protéger le fils, la fille ou le neveu qui a été enrôlé de force par la LRA.

caroline-route1.jpg Photo: Catherine Hébert

Catherine Hébert explique également qu’il existe des programmes de démobilisation pour les enfants soldats qui sont parvenus à quitter les rangs du mouvement. Si ces programmes obtiennent certains résultats, le plus difficile demeure leur retour à la maison. « Lorsqu’ils reviennent dans leur village, ils sont souvent considérés comme des criminels. Éviter qu’ils soient rejetés par leur communauté demeure un grand défi. »

De plus, les filles, qui constituent pourtant le tiers des enfants soldats du pays, ne fréquentent pas ces centres de démobilisation. « Elles ont trop honte pour s’y rendre, particulièrement si elles ont un enfant conçu en captivité. » Pourtant, c’est bien la réintégration de ces jeunes femmes qui demeure la plus délicate à réaliser. Ces anciennes « épouses forcées » et leurs enfants représentent un risque constant pour les habitants de leur village, car les pères, commandants de la LRA, risquent de surgir à tout moment.

Espoir

Pour Catherine Hébert, l’espoir de voir un jour la paix au nord de ce pays est toutefois toujours bien vivant. « Il y a des gens à l’intérieur qui résistent, pas nécessairement en militant, mais pour survivre. Caroline, qui marche 10 km par jour afin de trouver un endroit sûr pour dormir, résiste. Pour moi, ce sont les gens comme elle qui sont les vrais héros, les vrais résistants. »

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Film Le ring: Les enfants d'Hochelaga

décembre 3, 2007 Laisser un commentaire

Un autre article paru dans Alternatives

Si ce n’est pas encore fait, allez vite voir ce film !

Entretien avec Anaïs Barbeau-Lavalette

Fiction documentée

Amélie TENDLAND

Avec son premier long métrage, Le ring, la réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette signe une chronique sur l’univers chaotique de nombreux enfants du quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. Film ultra réaliste, Le ring raconte l’histoire du jeune Jessy, dont l’univers va bousculer à la suite du départ de sa mère héroïnomane. Entre un père qui tente maladroitement de garder soudée la famille et un frère et une sœur qui lorgnent du côté de la drogue et de la prostitution, Jessy va lui se tourner vers la lutte. Jusqu’à ce qu’il prenne conscience que la vie n’est pas un match de lutte… Entrevue avec une jeune cinéaste engagée.


Alternatives ─ Vous avez majoritairement réalisé des documentaires. Qu’est-ce qui vous a poussée à vous lancer dans la fiction avec ce premier long métrage ?

Ça m’a un peu tombé dessus par hasard. J’aime beaucoup le documentaire, mais j’avais aussi l’envie de toucher à autre chose. Outre le désir de toucher à un peu tout, je voulais rassembler plusieurs éléments du réel. Les personnages du film, je les connais tous, je les ai tous rencontrés sur le terrain. Le ring m’a permis de les rassembler dans une même fiction. Je voulais aussi rejoindre le plus de monde possible. Le documentaire ne bénéficie malheureusement pas d’une diffusion aussi large que la fiction.

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La cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette
photo: Pasacaline Lauze

A. ─ Vous avez tourné des documentaires sur des enfants de nombreux endroits sur la planète. Pourquoi avoir choisi de mettre en scène ceux du quartier Hochelaga-Maisonneuve ?

Je fais du bénévolat dans Hochelaga-Maisonneuve depuis sept ans. Je connais donc bien le quartier de l’intérieur. Je ne me serais jamais permis de faire un film sur un quartier que je ne connais pas. Je sentais que j’avais le droit d’en parler. Je voulais être l’intermédiaire de ces enfants, mettre le quartier sur la map. À Montréal, si tout le monde sait que ce quartier est défavorisé, on n’en parle jamais vraiment. Des petits « Jessy », il y en a plein à Hochelaga-Maisonneuve, ils existent, ici, juste à côté de nous.

A. ─ Comment votre expérience de documentariste a-t-elle influencé le film ?

Je n’aurais jamais pu faire ce film si je n’avais pas tourné avant des documentaires sur les enfants défavorisés du Sud. Ça m’a pris tous les enfants du monde pour prendre conscience de la réalité des enfants ici, dans ma ville. Cela a été plus facile d’aller à la rencontre des enfants défavorisés du Honduras que d’ici. J’étais d’ailleurs fâchée contre moi-même, fâchée de ne pas les avoir vus avant, de ne pas avoir pris conscience avant de la pauvreté des enfants juste à côté de chez moi.

Mon expérience en documentaire a aussi influencé la manière dont le film a été tourné. Je le voulais ancré dans la réalité, dans tous les aspects, que ce soit pour les costumes, le langage, pour ce qu’il y avait dans le frigo et aussi ce qu’il n’y avait pas. Par exemple, le lait qu’on voit dans le film n’est pas écrémé, parce que je sais pertinemment qu’on n’en retrouve pas dans les frigos du quartier…

Nous avons aussi travaillé l’ambiance sonore. Alors que généralement on fait disparaître les bruits de fond (musique du voisin, porte qui grince, voisin d’en haut qui marche), nous en avons au contraire rajouté. On sent ainsi que les voisins sont séparés par des murs en carton.

A. ─ Les enfants sont au cœur de vos réalisations. D’où vous vient cet intérêt ?

Je répondrais simplement que je suis vraiment bien avec les enfants. Ils sont vrais et je suis à mon meilleur avec eux. Il n’y a pas de masque. De plus, je crois qu’ils sont trop peu écoutés, comme les aînés d’ailleurs. Ils n’ont pas beaucoup de place dans la société, alors qu’ils auraient beaucoup à nous dire, à nous apprendre.

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photo: www.christalfilms.com

A. ─ Comment avez-vous déniché le jeune comédien Maxime Desjardins-Tremblay, l’interprète de Jessy ?

Nous l’avons d’abord filmé un peu par hasard, Arnaud Bouquet et moi, lors de la réalisation du documentaire Si j’avais un chapeau, il y a quelques années. À l’époque, nous avions tourné un match de lutte dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve et il y avait là un garçon de 10 ans qui criait plus fort que tous les autres. C’était Maxime. Pour Le ring, nous lui avons fait passé six auditions. C’est beaucoup, mais nous voulions être sûrs qu’il serait à la hauteur, car la réussite du film reposait entièrement sur son interprétation du rôle de Jessy. Nous avons beaucoup travaillé avec lui. Contrairement à ce qui se fait d’habitude, nous avons fait les répétitions sur les lieux de tournage, avec une caméra.

A. ─ Pourquoi la lutte ?

D’abord parce que la lutte est un véritable phénomène dans le quartier, une sorte de catharsis. Ensuite, parce que le ring symbolise le quartier, la vie du personnage de Jessy. Contrairement à la lutte, Jessy va se rendre compte que tout n’est pas prédéterminé, qu’on a le choix, qu’on peut décider de ne pas être un éternel loser.

A. ─ D’après vous, le film a-t-il une portée universelle ?

Il semble que oui et je ne m’attendais pas à cela. On dit que plus c’est local, plus c’est universel. Je réalise de plus en plus à quel point c’est vrai. Le film a été présenté en Corée du Sud et la salle était bondée, il y avait plein de gens qui posaient des questions. Il y a donc aussi des petits Jessy coréens. Jessy peut être n’importe quel jeune garçon issu d’un milieu pauvre de la planète, et Hochelaga-Maisonneuve est l’exemple de n’importe quel quartier défavorisé.

A. ─ Qu’espérez-vous qu’on retienne du film ?

J’espère que nous allons parler davantage de ces enfants, que nous allons les raconter, qu’ils ne seront plus ignorés. J’aimerais également provoquer une volonté d’engagement, donner une réponse à ceux, nombreux, qui ont une volonté d’agir, qui se demandent : « Mais qu’est ce qu’on peut faire ? » Il existe déjà de nombreux organismes dans le quartier dans lesquels on peut s’impliquer. Par exemple l’AED (Assistance aux enfants en difficulté), dans lequel je suis impliquée, permet de parrainer un enfant, on peut également faire de l’aide aux devoirs, etc.

A. ─ Et quels sont vos projets actuellement ?

En ce qui concerne Le Ring, je pars sous peu le présenter en Inde. Il sera également présenté au Festival international du film de Berlin en février prochain. Je travaille sur un documentaire coréalisé avec Émile Proulx-Cloutier, Les petits géants. Le projet consiste à suivre pendant un an des enfants du sud-est de Montréal qui montent un opéra de Verdi. Enfin, j’ai déjà un scénario sur les rails pour un deuxième projet de long métrage, sur la Palestine, celui-là.

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Ces Mexicains qui triment dur dans nos champs

décembre 1, 2007 Laisser un commentaire

Bonjour à tous,

Voici un nouvel article paru dans Alternatives

Un documentaire réalisé par Charles Latour et présenté au Rencontres internationales du documentaire de Montréal en novembre.

30 novembre 2007
Documentaire Los Mexicanos -Le combat de Patricia Pérez

Le combat des migrants du Sud

Amélie TENDLAND

Pendant deux ans, le cinéaste Charles Latour a suivi le combat de la syndicaliste Patricia Pérez qui s’est battue pour aider, informer et syndiquer les travailleurs saisonniers latino-américains travaillant dans les fermes du Québec. Il en est revenu avec un documentaire bouleversant, Los Mexicanos – Le combat de Patricia Pérez. Un hommage posthume, en quelque sorte, puisque Mme Perez est décédée en septembre dernier.

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Photo: Macumba international

Bon an mal an, des milliers de travailleurs saisonniers latino-américains viennent travailler dans les fermes du Québec. En 2006, ils étaient plus de 4000 en provenance du Mexique, du Guatemala et des Antilles à travailler dans les champs de la province, au salaire minimum, sept jours sur sept, en moyenne 70 heures par semaine. Faut-il ajouter que la plupart du temps, personne ne se soucie de payer les heures supplémentaires ?

À cela, s’ajoute les conditions de vie de ces travailleurs. Présenté lors des dernières Rencontres internationales du documentaire de Montréal, Los Mexicanos -Le combat de Patricia Pérez nous offre une petite visite dans leurs logements, souvent insalubres, dont les planchers sont pourris, les toits coulent, où des pesticides traînent dans la cuisine.

Suivant la lutte de Patricia Pérez, représentante du syndicat des travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC), le documentaire nous présente également les rencontres en pleine nuit, en catimini, entre la syndicaliste et les travailleurs mexicains des fermes du Québec, à Saint-Rémi notamment.

De rencontre en rencontre, Patricia Pérez va finir par convaincre certains travailleurs de se syndiquer. Le documentaire suit le combat, jusqu’à la demande d’accréditation syndicale.

« Le documentaire s’est tourné pendant deux ans. C’est tout le processus qui s’est cristallisé aux cours de ces deux années. Au début, Mme Pérez ne savait pas trop où elle allait, elle a développé le processus quasiment toute seule, puis l’aide a fini par venir », explique le cinéaste.

Totale vulnérabilité

Méconnaissance des lois, des droits des travailleurs au Canada, barrière linguistique, Charles Latour insiste sur un point : la vulnérabilité de ces travailleurs étrangers. « Selon moi, il s’agit du problème majeur. Le fermier pour lequel ils travaillent possède en quelque sorte un droit de vie ou de mort sur eux », explique-t-il. Le travailleur mexicain peut en tout temps être renvoyé chez lui ou encore ne pas être réembauché l’année suivante. Souvent, ces papiers et son passeport lui sont confisqués à son arrivée au pays.

Le programme qui s’occupe de ces travailleurs, le Programme des travailleurs agricoles saisonniers du Canada (PTAS), prévoit la renégociation des contrats chaque année et ceux-ci ne sont valides que pour une ferme en particulier, explique le cinéaste. Or, déplore-t-il, ces contrats sont négociés entre le gouvernement du Canada, celui du Mexique et la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME). « Ne manque-t-il pas quelqu’un à la table de négociation ? », se demande Charles Latour.

Aux États-Unis, un grand nombre de travailleurs saisonniers sont illégaux. Toutefois, pour le cinéaste, les contrats canadiens, « qui passent aux yeux de la majorité comme un programme modèle, constituent en vérité une façade… Pour mieux s’asseoir sur ses lauriers ensuite. »

Charles Latour admet toutefois que certains travailleurs saisonniers étrangers sont bien traités au Québec. « Il existe une grande différence entre les immenses fermes où l’on emploie 150 travailleurs et les petites où il n’y en a que quelques-uns. Certains fermiers les traitent très bien, certains leur donnent plus que le salaire minimum, mais c’est une minorité. »

Voilà pourquoi, selon lui, la syndicalisation de ces travailleurs mexicains, qui constituent près de 50 % des employés dans le secteur de l’horticulture, constitue la meilleure et la seule solution possible.

Un combat loin d’être gagné

Pourtant, le combat est loin d’être gagné. En effet, quelques jours avant la mort de Patricia Pérez, emportée par le cancer en septembre dernier, la Commission des relations de travail du Québec refusait à 150 travailleurs agricoles mexicains le droit de se syndiquer, en se basant sur l’article 21 du Code du travail.

L’article 21 du Code du travail stipule que « les personnes employées à l’exploitation d’une ferme ne sont pas réputées être des salariés aux fins de la présente section, à moins qu’elles n’y soient ordinairement et continuellement employées au nombre minimal de trois ».

« La commission a littéralement interprété la loi sans tenir compte du contexte. Cet article a été débattu en chambre dans les années 60, explique Charles Latour. Dans les années 60, on définissait les employés saisonniers comme des salariés qui travaillaient entre deux et sept semaines par année. Or, les travailleurs mexicains des années 2000 travaillent dans nos champs entre quatre et huit mois par an. »

En octobre, le syndicat des travailleurs unis de l’alimentation et du commerce a porté la cause en appel devant la Cour supérieure du Québec. De l’avis du syndicat, si la commission a bien interprété le Code du travail, alors il faudrait carrément le changer. Il n’existe aucune raison pour que les travailleurs saisonniers des serres, des stations de ski ou des parcs d’attractions comme la Ronde puissent se syndiquer et pas ceux des fermes, dit en somme le syndicat.

Charles Latour n’en reste pas moins optimiste et croit que le combat de Patricia Pérez débouchera un jour sur la victoire. Et s’il admet que le problème de la compétitivité du secteur agricole québécois avec les États-Unis est bien réel, il croit toutefois que la question constitue d’abord un problème de société.

Outre le fait que les conditions de travail des employés saisonniers étrangers pourraient finir par tirer vers le bas celles des travailleurs en général au Canada, le cinéaste se pose surtout cette question incontournable : « A-t-on envie que des travailleurs saisonniers du Mexique soient exploités dans la cour arrière du Québec ? »

L’auteure est journaliste indépendante

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Un milliard d’êtres humains loge à Bidonville.

novembre 3, 2007 1 commentaire

Un être humain sur six sur notre planète vit désormais dans l’un des 2000 bidonvilles de la planète.

Des trois milliards de citadins de la Terre, c’est donc le tiers qui s’entasse dans ce que l’ONU a défini en 2002 comme « un espace se caractérisant par un surpeuplement, des logements informels ou de piètre qualité, un accès insuffisant à de l’eau saine et une forte insécurité ».

Ici un article à propos du livre La planète Bidonvilles, de Mike Davis. L’article est paru dans un numéro spécial sur les grandes villes du futur du mensuel Alternatives.

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Dossier grandes villes du futur

    La mondialisation des bidonvilles

Amélie TENDLAND – 31 octobre 2007

Pour l’auteur Mike Davis, l’actuelle explosion de la population urbaine constitue une époque cruciale de l’Histoire, au même titre que la révolution industrielle. Davis rappelle qu’en 2060, la population de la planète devrait atteindre 10 milliards de personnes. D’ici là, 95 % des nouveaux habitants de la planète naîtront dans une ville du Sud, et la majorité d’entre eux grandiront dans un bidonville.

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L’an dernier, l’auteur américain a publié un tableau apocalyptique de ce qui nous attend, si nous n’y prenons garde : La planète des Bidonvilles (La Découverte, 2006), devenu une sorte d’incontournable pour ceux qui s’intéressent aux villes du futur. Selon lui, à moins d’un redressement fort improbable, la ville de demain ressemblera à un immense bidonville sans aucune structure où la pauvreté, la maladie, la violence, l’absence de droits et l’économie informelle deviendront la norme. Il ajoute aussi que les solutions pour éviter l’avènement de ce monde cauchemardesque ne courent pas les rues.

Chercheur indépendant, auteur éclectique de la gauche américaine, expert en sociologie urbaine, ethnologue, historien, Mike Davis est un auteur difficile à classer. Il a acquis une certaine renommée dans les années 1990 grâce à son ouvrage City of Quartz. Excavating the future in Los Angeles , une étude sociologique teintée de marxisme sur l’histoire du développement de la ville américaine. Mais il s’est également penché sur l’histoire politique et environnementale des famines dont ont été victimes plusieurs régions du tiers monde à la fin de l’époque victorienne (Late Victorian Holocausts. El Nino Famines and the making of the Third World).

Avec La planète des bidonvilles, Davis présente une synthèse et une analyse de la littérature concernant les bidonvilles des quatre coins de la planète, depuis les années 1960. De Rio de Janeiro à Khartoum, en passant par Nairobi et Port-au-Prince, Davis accumule les statistiques vertigineuses. Presque trop terrifiantes pour être vraies. Des exemples ? En Éthiopie, plus de 99,4 % de la population vit désormais dans des bidonvilles. Mexico détient le triste record du bidonville le plus peuplé, avec quatre millions d’habitants. Les bidonvilles de New Delhi accueillent chaque jour 4000 nouvelles personnes, et la population des bidonvilles de l’Afrique augmente deux fois plus vite que celle de ses « vraies » villes.

Urbanisation sans progrès

Le plus souvent, la population urbaine en croissance n’habite plus dans la ville proprement dite, mais tout autour, dans sa périphérie. Selon Davis, on assiste aujourd’hui à une urbanisation sans progrès, sans logique, devenue synonyme de « bidonvilisation ». « La croissance urbaine a été déconnectée de l’industrialisation, et même du développement économique en tant que tel. Les facteurs qui poussaient les populations rurales à quitter la campagne fonctionnent indépendamment des attraits comme les offres d’emplois urbains formels, ce qui assure une explosion démographique urbaine continue », exposait l’auteur dans une entrevue accordée au Socialist Worker en mai 2006 (www.socialistworker.org/2006).

Dans les faits, la croissance urbaine des villes du Sud se poursuit de manière accélérée, malgré leur déclin économique. Davis explique le paradoxe en partie par ce qu’il baptise « l’involution urbaine ». « Au fur et à mesure que les personnes s’entassent dans des niches de survie informelle – travailleurs ambulants, journaliers, prostitués, domestiques, petits criminels, etc. – la masse devient de plus en plus pauvre », explique-t-il dans une entrevue sur le site Web Autres Brésils (www.autresbresils.net).

À qui la faute ? L’auteur la rejette en bonne partie sur les politiques néolibérales des États du Nord, sur le FMI et sur la Banque mondiale qui ont imposé aux pays du Sud leurs plans « d’ajustements structurels » aux cours des 30 dernières années.

« Make cities better as cities »

Malgré tout, Mike Davis estime que la ville demeure encore la meilleure solution pour le futur. D’ailleurs, il ne croit pas que la « bidonvilisation » soit une conséquence immuable de la surpopulation mondiale. « Il n’y a pas trop de personnes dans le monde, mais il y a clairement une surconsommation des ressources non renouvelables. Bien sûr, la solution au problème est la ville en elle-même. Les villes qui sont réellement urbaines constituent les systèmes environnementaux les plus efficaces que nous ayons jamais créés pour vivre ensemble et pour travailler en harmonie avec la nature. (…) Ceci étant dit, le problème de l’urbanisation dans le monde, actuellement, c’est justement qu’il ne s’agit pas d’urbanisme dans le sens classique du terme », soutenait M. Davis dans une entrevue accordée en mai 2006 sur le site Web de l’architecte américain Geoff Manaugh (bldgblog.blogspot.com).

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www.cuk.ch

« La question de savoir comment certaines villes deviennent monstrueusement peuplées a moins à voir avec le nombre de personnes qui y vivent qu’avec leur mode de fonctionnement, leur manière de consommer, de réutiliser et de recycler les ressources, leur façon de partager l’espace public, aussi. Je ne dirais donc pas qu’une ville comme Khartoum est une ville impossible. Cela a davantage à voir avec la nature de la consommation privée », ajoutait le chercheur. Prenant l’exemple de la Californie, Davis comparait alors l’empreinte écologique du « Blanc à la retraite » avec celui de l’immigrant latino : « Le vrai problème, c’est le Blanc qui joue au golf sur les centaines de terrains de la Vallée Coachella. Ce Blanc à la retraite peut utiliser 10 fois, 20 fois, 30 fois la quantité de ressources dont peut avoir besoin la jeune chicana qui tente de faire vivre sa famille dans un petit appartement de la ville. »

L’auteure est journaliste indépendante

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Les sauts-de-mouton du Québec mal-en-point

octobre 9, 2007 1 commentaire

J’ai récemment écrit un article dans le journal Alternatives ,à propos des infrastructures au Québec et plus généralement au Canada. Bien sûr, je vous recommande d’aller le lire :
L’âge du béton .

À la suite de cet article, j’ai reçu un courriel d’une association jusque là inconnue de moi-même (je m’en excuse) : L’ASSOCIATION POUR LE SOUTIEN ET L’USAGE DE LA LANGUE FRANÇAISE.

On me reproche l’emploi, dans mon texte, des mots STRUCTURE et VIADUC, trop près de l’anglais.

Ainsi, au risque de perdre 99,2% de mes lecteurs, j’aurais dû substituer OUVRAGE D’ART à STRUCTURE, ainsi que SAUT-DE-MOUTON à VIADUC.

dsc_0016.JPG infodunordsteagathe.canoe.ca

L’association a-t-elle fait la remarque à tous les « grands » médias qui emploient ces termes quotidiennement ?

Enfin, tenez-vous le pour dit : Gare aux trop nombreux troupeaux de moutons qui traversent les ouvrages d’art du Québec, les sauts-de-mouton sont mal-en-point, pas les viaducs, bon.

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Excusez-la !

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L’économiste israélien Shir Hever aux Journées Alternatives: Une occupation de neuf milliards de dollars

Ces jours-ci a lieu à Montréal le premier Forum social québécois. C’est dans le cadre cet événement que se déroule cette année la 13ième édition des Journées Alternatives. Plusieurs conférenciers provenant d’un peu partout dans le monde y sont présents, dont cet économiste Israéliens employé du Alternative Information Center à Jérusalem-est.

Article paru dans Alternatives
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rebellyon.info

Amélie TENDLAND – 23 août 2007

Les 24 et 25 août, à Montréal, dans le cadre du premier Forum social québécois, les journées d’étude Alternatives recevront une vingtaine d’invités internationaux en provenance de 16 pays. Alternatives a interrogé l’un d’eux, l’économiste israélien Shir Hever, dont les travaux tentent d’évaluer le coût de l’occupation des territoires palestiniens par Israël.

Neuf milliards de dollars américains. Voilà ce que coûterait annuellement l’occupation israélienne en Palestine, selon l’économiste Shir Hiver. En fait, l’entreprise apparaît si ruineuse, qu’il estime qu’elle finira par contribuer à faire bouger les Israéliens. « Le prix de l’occupation est très élevé, au point de provoquer l’effondrement de plusieurs institutions et de plusieurs structures sociales en Israël, affirme-t-il. Mais je ne crois pas que l’occupation cessera pour des raisons purement économiques. Seule la résistance des Palestiniens permettra de mettre fin au conflit. Mais les raisons économiques feront probablement survenir la fin de l’occupation plus rapidement et plus facilement. »

Du haut de ses 29 ans, Shir Hever explique qu’il en est venu très tôt à l’activisme. « Déjà au secondaire, j’étais un activiste, puis j’ai continué à militer à mon arrivée à l’université. J’ai toutefois rapidement été déçu des cours d’économie. L’économie à elle seule n’explique rien. Je n’étais pas du tout convaincu », raconte-t-il. Confronté à ce qu’il considère comme une importante fermeture d’esprit, l’économiste s’est alors mis à la recherche d’idées et d’informations alternatives. C’est ainsi qu’il a atterri au Alternative Information Center (AIC), à Jérusalem-Est, qui se donne pour objectif de rapprocher Israéliens et Palestiniens.

« L’AIC est en mesure d’aider ces groupes qui contestent les politiques gouvernementales de plusieurs manières : en leur offrant des outils, de l’information, des formations politiques. De plus, le fait de travailler [à l’AIC] me permet d’avoir accès plus aisément à des bases de données, des statistiques, des personnes ressources, notamment en Cisjordanie », explique l’économiste. Il faut dire que les travaux de M. Hever ne se limitent pas à évaluer le coût de l’occupation pour l’économie israélienne. Ils tentent aussi d’évaluer l’impact de l’occupation sur les territoires occupés et sur Jérusalem-Est, où plusieurs commerces ont fermé leurs portes.

Ainsi, le dernier texte du chercheur constitue le premier rapport à présenter une analyse économique des conséquences de la construction du Mur de séparation à Jérusalem-Est. Shir Hever y explique notamment que le Mur de séparation a coûte chaque année environ 194 millions de dollars aux Palestiniens de Jérusalem-Est, soit 1,2 milliard de dollars depuis le début de sa construction, en 2002. Jérusalem-Est constitue le seul endroit où le Mur passe au travers d’une zone urbaine densément peuplée. Selon l’économiste, plus de 200 000 personnes seraient quotidiennement affectées. Le revenu des ménages palestiniens de Jérusalem-Est aurait ainsi chuté de 17,5 % depuis le début des travaux.

« L’occupation coûte cher »

mur_afp2.jpg www.protection-palestine.org

Quant à la l’éventualité de la fin de l’occupation et d’un règlement définitif du conflit, l’économiste refuse d’être pessimiste. « Même si, d’après moi, Israël n’admettra jamais que l’occupation constitue une erreur, la solution n’est certainement pas de ne rien faire », insiste-t-il. Il se félicite de voir de plus en plus d’Israéliens refuser d’aller dans l’armée, évitant ainsi de contribuer au conflit. Selon lui, les choses finiront par changer, probablement sous la pression internationale. Toutefois, il doute que la sensibilisation à la cause palestinienne puisse à elle seule faire réellement changer les mentalités chez les Israéliens. « Quand l’occupation sera finie, les mentalités pourront changer en Israël, mais avant, j’en doute. »

À Montréal, durant les journées Alternatives, Shir Hever ne cache pas qu’il préconisera le boycott d’Israël. Misant sur le pouvoir d’agir des gens qui seront présents, l’économiste assure que « les gens en Israël ont réellement peur du boycott, car il peut vraiment les affecter, eux tout comme l’occupation ». Mais cela ne l’empêche pas de croire aussi énormément aux différents projets de rapprochement que l’AIC mène auprès de groupes de base palestiniens et israéliens. Le centre amène en effet plusieurs groupes d’activistes issus des deux peuples à se rencontrer. « Nous ne voulons pas seulement qu’ils se rencontrent, nous cherchons aussi à les réunir, pour qu’ils aient le même programme, le même but, le même agenda », explique-t-il.

On le devine, la tenue des réunions relève parfois de l’exploit. D’un côté, les Palestiniens ne sont pas autorisés à se rendre à Israël. De l’autre, les Israéliens ne peuvent pas eux non plus se rendre en territoire palestinien sans ruser. À Jérusalem, par exemple, M. Hever raconte que les Israéliens prétendent qu’ils se rendent dans les colonies, pour ensuite prendre le chemin de Bethléem. L’escapade demeure illégale, passible de prison, mais l’économiste affirme qu’elle ne s’avère pas trop dangereuse. Contre toute attente, pour ne pas que le monde croit qu’elle empêche les Israéliens de rentrer en contact avec les Palestiniens, l’armée israélienne ferme parfois les yeux.

Dans le cadre des Journées Alternatives, Shir Hever participera à un atelier intitulé Bases militaires : une arme meurtrière au service des plus forts, le vendredi 24 août 2007, à 11h00, au local R-M130 de l’Université du Québec à Montréal. Le lendemain, le 25 août, on le retrouvera dans l’atelier Le Moyen-Orient au bord du gouffre, à 9h00, au local R-M130 de lUniversité du Québec à Montréal (UQAM).

L’auteure est journaliste indépendante

* à propos du Alternative Information Center:

Amélie TENDLAND – 23 août 2007
Article paru dans Alternatives

L’Alternative Information Center (AIC) est une organisation pacifique et progressiste israélo-palestinienne située à Jérusalem-Est. Le premier mandat d’AIC est la diffusion d’informations sur les sociétés israéliennes et palestiniennes, de même que sur le conflit qui les oppose.

Fondé lors des derniers jours de la guerre du Liban en 1983 par le journaliste israélien Michaël Warschawski, le Centre est né de la nécessité d’offrir une information alternative aux deux peuples. Aujourd’hui, l’AIC gère trois publications majeures, en hébreu, en arabe et en anglais, de même qu’un site Web des plus actifs. Il est également devenu un incontournable pour l’obtention d’informations et de contacts auprès des médias israéliens et étrangers.

Pionnier dans la coopération égalitaire entre Israéliens et Palestiniens, le Centre s’est donné comme mandat d’encourager l’échange, de désenclaver les deux camps. Désormais, plus que diffuseurs d’informations, l’AIC est également à la tête de plusieurs projets, notamment le Summer Camp. Ce dernier est le seul camp d’été de la région à réunir des jeunes palestiniens de Cisjordanie et d’Israël à la fois, filles et garçons âgés entre 14 et 20 ans. . Enfin, l’AIC vient également en aide aux groupes de base d’activistes tant en Israël qu’en Palestine, leur fournissant divers outils visant à consolider leurs revendications sociales et politiques.

L’adresse du site Web de l’AIC : www.alternativenews.org